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Etat limite

En direct du Festival de Cannes : Analyse du film : Etat limite

Sortie : prochainement / 1h42min / Documentaire

De Nicolas Peduzzi

Ce film est présenté à l’ACID au Festival de Cannes 2023.

Un nouveau documentaire nécessaire sur le monde de l’hôpital, après celui de Nicolas Philibert Sur l’Adamant. En démarrant avec une musique tonitruante, Nicolas Peduzzi nous alerte plus brutalement sur la mort programmée du service public.

Une vue à distance de l’hôpital Beaujon, énorme bâtiment de 11 étages au moins, le fait ressembler à un personnage monstrueux avec des yeux toujours ouverts, des couloirs comme des artères encombrées où les humains courent, se croisent, dans l’urgence. 

La caméra suit le dos du seul psychiatre du service, le jeune docteur Abdel Kader, et nous sentons immédiatement le poids qui pèse sur ses épaules. Plus que de l’empathie, il établit un lien unique avec chaque patient qu’on lui amène pour une heure ou plus longtemps, comme si il ressentait ses symptômes. Un être humain admirable dont l’histoire de vie est déjà un conte, mais fragile, comme le sont les aides soignants et les infirmières qui se confient à lui. Rien n’est caché du doute et de l’épuisement et les pathologies rencontrées traduisent l’actualité des traumatismes urbains. C’est notre monde. Et la bureaucratie le laisse mourir.

Un film en costumes. Cette histoire d’une femme à barbe pose bien des questions plus universelles. Quand Rosalie veut adopter une fille avec laquelle elle a noué une timide relation, la mère supérieure affirme, pleine de bonté, que Dieu aime toutes ses créatures. Mais au moment de réaliser l’adoption, elle dépend du donateur principal du monastère qui, quoique troublé par Rosalie, ou justement à cause de cela, convainc la supérieure du manque de moralité de celle qui ne rêve que d’être mère. Une réplique très forte du film : quand le journaliste interroge Rosalie, il lui demande comment on peut vivre avec un tel handicap. Et elle répond en gros, que de toute façon c’est difficile d’être une femme…

Caractère fort, Rosalie finit par gagner l’amour. La scène finale est sublime.

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