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Trois amies

Analyse du film : Trois amies

Réalisation : Emmanuel Mouret

Distribution : Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair Nationalité : France Durée : 1h57 Genre : Drame

Date de sortie : 6 novembre 2024

En 1999, Emmanuel Mouret,  réalisait son premier film Laissons Lucie faire. On repérait déjà l’influence de Rohmer et la magie de ce jeune réalisateur qui joue dans tous ses films, ce qui le fit ressembler à Woody Allen. Dans Trois amies Il y a du Woody Allen (Hannah et ses sœurs,  Alice) et un vibrant hommage au septième art lorsque certains protagonistes, dans le cocon d’une salle de quartier, savourent le trouble d’Ingrid Bergman dans les Enchaînés de Hitchcock ou rient aux chutes de Buster Keaton.

Deux ans après son très réussi « Chronique d’une liaison passagère », Emmanuel Mouret met en scène trois femmes bousculées par leurs amours. C’est un film drôle, gai et délicat.

Chantre de la confusion des sentiments, Emmanuel Mouret pour son douzième long-métrage place l’amitié en première ligne, ses trois héroïnes étant liées par un indéfectible attachement.

C’est une voix bienveillante qui introduit le récit et nous détaille les rues vides de Lyon où va se jouer l’histoire ou plutôt les histoires, puis nous présente avec douceur les personnages. Déambulatoire et bavard, le film arpente les couloirs d’un lycée, les coursives d’un musée, traverse des ponts, des rues, des allées.

Rebecca, professeure d’arts plastiques, sans poste depuis quelque temps, fréquente un homme marié. Son amie Joan n’est plus vraiment amoureuse de son compagnon Victor, mais n’est pas capable de le lui dire, souffrant de potentiellement l’anéantir. Alice, sa meilleure amie, essaye de la rassurer en affirmant qu’elle n’est elle-même pas certaine d’avoir jamais aimé son mari Eric, mais qu’elle préfère cette situation plutôt que d’être dépendante comme dans d’autres relations, ce qu’elle trouvait invivable. Elle ignore cependant qu’Eric n’est autre que le mystérieux amant de Rebecca.

Entremêlées au récit douloureux de Joan, les histoires de cœurs croisées d’Alice et Rebecca, secrètement reliées par le même homme, permettent de leur côté à Mouret de renouer avec la veine de ses contes moraux.

Trois amies s’attachent surtout à restituer les illusions dont se bercent les personnages, le cinéaste s’amusant à les confronter aux pièges du destin.

Mouret badine avec les intermittences du cœur et ne s’en prive pas. Les sentiments sont sa cour de récréation. Ses héros sont enseignants, artistes, écrivains. L’amour s’en va, la tendresse revient. Rarement Emmanuel Mouret, dont le propos sur l’amour et les relations humaines est devenu de plus en plus juste au fil du temps est pertinent et drôle avec ce Trois Amies, triple portrait de femmes, liées par une forte amitié.

Habitué du film choral, mêlant dans ses scénarios à l’indéniable finesse d’écriture, les destins amoureux et intimes de multiples personnages Emmanuel Mouret réalise ici un conte moderne. Mouret évoque le désamour et la douleur des séparations, et met au cœur de son la l’amitié, qui s’avère toujours enracinée et stable, malgré quelques mensonges, secrets et autres trahisons. Avec ce ton léger qui le caractérise, l’auteur parvient à nous faire aimer ses personnages, dans leurs excès, leurs contradictions, leurs inquiétudes voire leur générosité. Tous capables de dialoguer de manière quasi sereine, malgré la complexité des situations, ils nous apparaissent dans des interactions des plus naturelles, offrant ainsi de jolies variations sur la conception du couple et de l’amour.

Dédramatisant, comme toujours, des situations qui posent souvent des questions morales, sans jamais juger ses personnages.

Emmanuel Mouret a défini un style unique au sein du cinéma français. Avec ses films, il crée un univers où les relations amoureuses sont nombreuses : on se rencontre et on se sépare beaucoup, mais toujours dans un calme et une bienveillance. Chez Mouret, on n’élève jamais la voix, et le seul objet est l’accomplissement amoureux. Le cinéaste, fasciné par les mille et un détours du sentiment amoureux, signe un film brillant, harmonieux, enchanteur et émouvant en retraçant les aventures de trois femmes.

Philippe Cabrol

#analysedefilms

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