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Ali et Ava

Analyse du film : Ali et Ava

Réalisateur : Clio Barnard ; Nationalité : anglaise ; Distribution : Adeel Akhtar, Claire Rushbrook

Durée : 1h35 ; Sortie : 2 mars 2022

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, le nouveau film de la réalisatrice britannique, film social mais aussi comédie romantique touche par la justesse de certaines de ses scènes. A priori, Ali et Ava n’ont pas grand-chose en commun, à part la ville où ils habitent. Bradford, un décor populaire de briques et de grisaille, quelque part dans le Yorkshire, au nord de l’Angleterre. Ava, la cinquantaine mère et grand-mère, ne vit que pour sa famille et son travail d’éducatrice dans une école. Elle, tente d’effacer de sa mémoire le souvenir d’un mari toxique et violent en entretenant de tendres relations avec ses grands enfants. Ali, un peu plus jeune, barbu hâbleur et chaleureux, cache ses blessures et sa solitude derrière l’humour et l’exubérance. Ali est en instance de séparation. Il essaie d’oublier ses relations conflictuelles avec sa compagne en s’adonnant à la musique, sa grande passion, et en s’imaginant un avenir de D.J. Tous deux n’habitent pas le même quartier, ils n’appartiennent pas au même milieu, n’ont pas les mêmes goûts musicaux, ne sont pas issus des mêmes exils (elle est originaire d’Irlande, et lui du Pakistan). Ali et Ava n’avaient aucune raison de se rencontrer. Blessés par la vie, c’est leur affection commune pour Sofia, une jeune fille dont Ava est l’assistante scolaire qui les fait se croiser. De là va naître un lien profond au-delà des différences sociales et culturelles. Entre Ali et Ava, au-delà d’une histoire singulière et attachante, par d’une exceptionnelle sensibilité, c’est le révélateur d’un contexte social difficile qui est présenté sans jugement mais avec une humanité lucide. L’entourage de ces deux héros accepte mal leurs relations. Clio Barnard jongle, avec ce film, entre comédie et drame. La réalisatrice utilise la musique, folk et country pour Ava et électronique pour Ali, comme vecteur d’opposition mais aussi de convergence entre ses deux personnages. Le film traite de racisme, de préjugés, de la transmission de la violence (notamment à travers le fils d’ Ava), de deuils, de mensonges et de communautés étanches. En regardant ce film, on pense bien sûr à Ken Loach au cœur de cet univers social britannique, la « poétique » individuelle émergeant plus que le contexte social.  Ali et Ava permet à ses personnages de dépasser leurs blessures grâce à une chaleur constante et un humour omniprésent.

Philippe Cabrol

https://www.youtube.com/watch?v=AJUAf-1bJbg

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