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Philomena

A la télévision cette semaine, nous vous conseillons le film : Philomena, film britannique réalisée par Stephen Frears qui passe sur France 3 : lundi 14 mars 2022 à 20h50 ;

Irlande, comté de Tipperary, 1952. Philomena Lee est encore adolescente quand elle tombe enceinte. Ses parents ne supportent pas la honte qui frappe leur famille et l’envoient cacher sa grossesse dans le couvent de Roscrae. Là, elle accouche d’un bébé, Anthony, qui lui est retiré dès sa naissance. Employées à la blanchisserie du couvent, les jeunes mamans n’ont le droit de voir leur enfant qu’une heure par jour. Surtout, elles observent l’étrange et inquiétant ballet de luxueuses limousines dont les allers et venues sont leur cauchemar : les enfants leur sont enlevés pour être adoptés par de riches Américains. Le scandaleux secret est bien gardé et traversera les décennies. Rendue à la vie civile des années plus tard, Philomena se marie, donne naissance à une fille, Jane, qui ignorera longtemps ce drame. Philomena n’a rien oublié et porte cette histoire comme une brûlure. Un demi-siècle Devenue une vieille dame, Philomena raconte à sa fille son histoire. Par hasard, la fille de Philomena, Jane, croise le chemin de Martin Sixsmith, journaliste cynique, qui pense tenir avec l’histoire de Philomena un très bon papier un brin scandaleux. Avec la vieille dame, il part à la recherche de cet enfant perdu… Philomena Lee, irlandaise au cœur simple et généreux et Martin Sixsmith, journaliste londonien licencié et opportuniste qui veut rebondir et faire regretter ceux qui ont causé sa perte sont deux personnages complètement opposés. L’âge, le milieu social, le niveau d’études, les traditions culturelles, la religion sont autant de points qui séparent Philomena et Martin. L’Irlandaise pieuse et compatissante bouscule le Londonien opportuniste et cynique. Martin s’irrite de la gentillesse et de la crédulité de la vieille femme. Mais ils se complètent et ont tous les deux leurs propres luttes. Elle a la foi, doute et doit trouver la force pour affronter des situations impossibles. Quant à lui, il a les bons mots, ne compatit pas et est convaincu qu’il vit dans un monde sans bonté et croit en une vision manichéenne du monde. Martin et Philomena sont tous deux les produits d’un conditionnement social et culturel que leur épopée commune tend à briser. Petit à petit Philomena et Martin vont changer : Elle ne doutera plus alors que Martin va commencer à connaître des situations de doute. Philomena, au contact de son compagnon de route, explore certes le vaste monde, mais parvient surtout à se libérer du secret, à dépasser sa culpabilité et à faire le deuil. Au contact de Martin, Philomena De son côté, Martin trouve la cruauté passée des couvents irlandais mais apprend à considérer Philomena, au-delà de l’intérêt de son article. Stephen Frears ne dénonce rien dans ce film où seuls les sentiments comptent. L’attaque non dissimulée contre certaines institutions religieuses est contrebalancée par un très grand respect sincère indéniable de Philomena. Il n’y a que certaines pratiques scandaleuses qui sont dénoncées.Le scénario est très bien pensé, très bien écrit et construit. Philomena ouvre les yeux du journaliste à sa version de l’histoire, celle dont il voulait la priver et à laquelle elle a droit. Au travers de cette rencontre, il est question toujours de morale. Ces chemins qui se croisent sont très intéressants, de la jeunesse à la vieillesse, de la politique à l’intime, de la rancune au pardon et de regrets aux consolations, le film prend une beauté saisissante.

Philippe Cabrol

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