La Femme de Tchaïkovski
De retour du Festival de Cannes :
La Femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov
Le réalisateur nous avertit que les événements relatés dans le film ont bien eu lieu à Moscou à la fin du 19ème siècle. Oui, La femme de Tchaïkovski (Zhena Chaikovkogo) est d’abord le portrait saisissant d’une époque, d’une société si proche et pourtant inimaginable. Société cloisonnée dans laquelle les hommes vivent entre eux, la pauvreté est omniprésente dans la rue, la femme n’est rien et peut faire l’objet des pires violences si elle ne se soumet…
Soutenue par une superbe caméra avec des lumières clair-obscur, la mise en scène nous place du côté d’Antonina, remarquablement interprétée par Alyona Mikhailova. Quelle force, quelle émotion ne transmet-elle pas !
Le scénario nous emmène sur des voies inattendues et embarrassantes… Non ce n’est pas un biopic tranquille ! Chacun a sa part d’ombre : comment qualifier cet amour inconditionnel d’Antonina au mépris du consentement de l’autre ? Quelle est la part de responsabilité de Tchaïkovski, entre ses calculs mesquins et la protection que ses amis lui imposent puisqu’il est une idole nationale ?
Ce que l’on sait, c’est que le système se déchaînera contre celle qui ne se soumet pas. Tiens donc, et si tout cela était en définitive une image de la société russe d’aujourd’hui ?
Rédaction : Signis