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Retour sur la soirée Pasolini

Éclatant succès pour la soirée organisée par Chrétiens et Cultures le jeudi 29 septembre à la Médiathèque Émile Zola de Montpellier, à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Pier Paolo Pasolini. Une centaine de personnes de tous horizons a investi la salle Cinéma et Rencontres pour la projection de L’Évangile selon saint Matthieu. Ce film de 1964, qui reste une des œuvres les plus marquantes de ce réalisateur énigmatique et rebelle, a reçu le prix de l’Office catholique international du cinéma et le prix spécial du jury à la Mostra de Venise.

En ouverture, Philippe Cabrol, vice-président de Chrétiens et Cultures et membre de jurys œcuméniques de festivals internationaux de cinéma, a souligné que, pour Pasolini, l’art et en particulier le cinéma, pouvait donner accès à la réalité en la faisant apparaître de manière sacrée. Il a retracé le rapport de Pasolini à la religion à travers quelques films (Accattone, Mamma Roma, La Ricotta, Théorème) et évoqué les relations complexes et fascinées du réalisateur avec le catholicisme, le message évangélique et la figure de Jésus : on peut presque parler d’une identification du cinéaste au Christ, à sa révolte et à son sacrifice. Après le visionnage du film, Jean Aubert, professeur de cinéma au lycée Nevers, a insisté sur le projet de Pasolini de composer un poème cinématographique, avec le texte de saint Matthieu pour support. Malgré les choix narratifs et figuratifs opérés, l’extrême fidélité au texte évangélique frappe le spectateur. Pasolini, marxiste en quête de spiritualité, met en scène un Jésus proche des pauvres et des opprimés. En filmant un Christ qui marche tout au long du film, il met en lumière sa figure révolutionnaire.

Une soirée passionnante pour le « meilleur film jamais tourné sur la vie du Christ », selon L’Osservatore romano, qui concilie le chaos et l’harmonie, le profane et le sacré, où se rejoignent la poésie de l’Evangile et celle d’un des créateurs les plus inspirés et les plus contestataires du septième art.

Anne-Cécile Antoni

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