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Un beau matin

Analyse du film : Un beau matin

Réalisatrice : Mia Hansen-Løve Genre : drame Nationalité : France Distribution : Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud, Nicole Garcia

Durée : 1h52 Sortie : 5 octobre 2022

Ce nouveau film d’une réalisatrice qui prend une place de plus en plus importante dans le cinéma français faisait partie des meilleurs films présentés en mai dernier durant le Festival de Cannes où il était projeté dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs.

Veuve depuis 5 ans, Sandra, la trentaine bien avancée, partage sa vie entre Linn, sa fille de 8 ans, son travail et Georg, son père. Georg a été un professeur de philosophie brillant et estimé. Touché par le syndrome de Benson, forme atypique de la maladie d’Alzheimer qui entraîne chez lui une perte progressive de la vision et de ses facultés intellectuelles, il ne peut plus lire alors que les livres ont toujours été sa grande passion. Ce rapport avec ses livres et l’état dans lequel se trouve Georg permettent de faire dire à Sandra que c’est au travers de ses livres et non à son contact qu’elle se sent au plus proche de son père. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps…

Dans Un beau matin, l’inspiration est venue de la fin de vie de son père, Hansen-Løve, décédé de la COVID en avril 2020, un homme qui, comme Georg, avait été professeur de philosophie et avait souffert du syndrome de Benson.

Mia Hansen-Løve fait preuve, une fois de plus, d’une grande aptitude à raconter les relations familiales et les amours contrariés. Malgré la gravité du sujet, la réalisatrice arrive à nous faire partager une grande émotion. Un beau matin commence dans la douleur. Sandra vient rendre visite à son père qui commence à ne plus distinguer le monde autour de lui, objets, personnes, sens des choses et des mots. Il faut donc lui indiquer comment ouvrir une porte, comment se diriger car il n’y voit pratiquement plus. Pendant tout le film, Sandra rend visite à Georg d’Ehpad en Ehpad, cherchant à contrer la solitude grandissante à laquelle la maladie le condamne, ce «froid dans la tête» qu’il décrit sans oser se plaindre.

Ce nouveau long métrage de Mia-Hansen-Løve fait penser à Tout s’est bien passé, de François Ozon, sorti en 2021. Alors qu’Ozon réalisait un récit drôlement cruel du livre d’Emmanuelle Bernheim, Mia-Hansen-Løve livre une autofiction déchirante où l’euthanasie se fait oublier aussitôt évoquée.

Cette chronique est finalement une tranche de vie presque banale, mais la cinéaste capte un morceau de vie avec ces banalités qui le composent et qui font battre le cœur à travers plusieurs thématiques : la solitude, la parentalité, la passion amoureuse, l’angoisse de vieillir, la maladie, la peur de perdre ses aînés…

Entre une passion naissante et le chagrin d’une vie qui s’éteint, partage avec nous un certain sentiment de la vie Un beau matin possède une beauté simple, désarmante, qui tient à sa profonde douceur et à sa façon d’interroger ce qui reste des humains quand ils disparaissent. Sandra accompagne avec une tendresse infinie le « lent naufrage » de son père, et l’actualité récente donne une idée de ce chemin de croix.

Philippe Cabrol

https://chretiensetcultures.fr