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La Mère de tous les mensonges (Kadib Abyad)

De retour du Festival de Cannes : Présentation du film documentaire : La Mère de tous les mensonges (Kadib Abyad)

Le film a obtenu le Prix de la Mise en Scène dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023.

Nationalité : Maroc, Egypte, Arabie Saoudite

Genre : Documentaire

Durée : 1h37min

Date de sortie : Prochainement

Réalisateur : Asmae El Moudir

Asmae, jeune réalisatrice marocaine, se rend chez ses parents à Casablanca pour les aider à déménager. Une fois dans la maison de son enfance, elle commence à trier ses vieilles affaires. Soudain, Asmae tombe sur une photo : des enfants qui sourient dans la cour d’une école maternelle. Presque hors-cadre se trouve une petite fille assise sur un banc, qui regarde timidement l’appareil-photo. Cette photo est l’unique image de son enfance, l’unique souvenir que sa mère a pu lui transmettre. Mais Asmae est convaincue qu’elle n’est pas l’enfant sur cette image. Dans le but de faire parler ses parents, Asmae introduit sa caméra et joue avec cet incident intime pour évoquer d’autres souvenirs auxquels elle ne croit pas non plus. Cette photo devient le point de départ d’une investigation durant laquelle la réalisatrice interroge tous les petits mensonges que lui a dit sa famille. Petit à petit, Asmae explore la mémoire de son quartier et de son pays.

C’est avec un scénario très original que la réalisatrice Asmae El Moudir nous invite dans son film à faire mémoire, mêlant « l’histoire » de sa famille et « l’Histoire » du Maroc, au temps des années de plomb 1970-1980 marquées par la répression des opposants politiques sous le roi Hassan II. 

Comment exister dans une famille marquée par son histoire ? Comment évoquer le passé alors que le chef de famille, la grand-mère, est un dictateur (ou plutôt une ’dictatrice’ selon sa petite fille) qui interdit de conserver toute photo ?

Elle nous raconte en voix off, passant parfois par le biais de figurines et de maquettes, ce que les photos disparues ne pourront pas raconter, ce que les mots ne peuvent dire. Elle vient nous toucher dans ce devoir de mémoire pour ceux qui sont morts brutalement, alors qu’ils revendiquaient seulement leur droit à se nourrir, vivre de leur travail…

Avançant dans son investigation, c’est une véritable ’anatomie du drame’ que nous propose Asmae El Moudir. La caméra navigue entre les témoignages recueillis et les figurines qui se déplacent. Ce film très émotionnel remet en scène les personnages malgré eux – à l’instar d’une reconstitution des faits dans un procès. Asmae El Moudir a choisi de tourner en intérieur : le studio pourrait nous faire penser à une salle d’audience ou un huis clos. Et les paroles prononcées touchent à l’intime. 

Comme une invitation pour sa famille, comme pour le Maroc, à continuer à vivre avec cette histoire.

https://www.youtube.com/watch?v=9EeG7CPOqAI
https://chretiensetcultures.fr