Acide
Analyse du film : Acide
Réalisateur : Just Philippot Genre : fantastique, drame,
Nationalité : France
Distribution : Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach
Durée : 1h40 mn ; Sortie : 20 septembre 2023
Acide est un thriller écologique dans un monde post apocalyptique à travers le prisme du cinéma de genre.
Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides et dévastatrices s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper.
Avec seulement deux longs métrages, Just Philippot s’impose dans le cinéma fantastique. Avec Acide il s’aventure dans le film de genre avec toujours en toile de fond un reflet critique du monde contemporain. En 2021, La Nuée, son premier film, questionnait le rapport de l’homme avec son alimentation, à travers notamment sa surconsommation de viandes et la surexploitation des élevages. Le réalisateur racontait le quotidien d’une ferme agricole destinée à produire en masse des sauterelles pour une consommation alimentaire. Pour maximiser son rendement, la gérante, mère de famille célibataire, décidait de nourrir ses insectes au sang humain, devenant ainsi des grosses bêtes voraces…
Dans Acide Just Philippot décrit d’abord un monde sous tension économique. Dès sa séquence d’ouverture (on se croirait dans un film de Stéphane Brizé) on voit la prise d’otage, d’un patron d’usine par ses employés, qui dégénère dans la violence, les gaz lacrymaux et des gros plans sur Michal, gréviste arrêté par la police pour avoir roué son chef d’entreprise de coups.
Cette misère sociale évolue vite vers un drame climatique quand on apprend aux informations qu’une pluie acide cause des ravages dans les pays défavorisés, avant de se diriger inexorablement vers nos contrées.
L’origine du mal restera inconnue. On peut y spéculer une sur-pollution aux métaux lourds, une nature détraquée. Une fois les pluies acides sur le territoire, le film prend une tournure de « survival » efficace où le protagoniste va tout faire pour protéger sa fille et son ex-femme de ce désastre écologique.
Just Philippot fait monter tension et angoisse. Il use de cette eau toxique qui s’infiltre partout. Le rythme effréné de la mise en scène, soutenu par une incroyable bande originale ne se calme que pour s’attarder sur des images de fin du monde : carcasses de voiture fumantes, chairs rongées, paysages en cendres, dispensaires militaires de fortune… le réalisme est à faire peur.
Acide questionne la notion de sacrifice au sein du noyau familial. Le sacrifice représente dans cette histoire un ultime cadeau aux conséquences douloureuses. Mais est-ce un acte d’amour ou une dernière preuve de raison dans un contexte de survie où il n’y a plus d’autres choix ?
Philippe Cabrol