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Les Fantômes

En direct du Festival de Cannes : Les Fantômes

Ce film sensoriel et électrique, à mi-chemin entre film d’espionnage et thriller politique, est inspiré d’une histoire vraie cherchant à renouer avec l’esprit paranoïaque des années 70 et du long métrage Marathon Man de John Schlesinger. Avec cette fiction, Jonathan Millet poursuit son exploration des marges et des enjeux géopolitiques contemporains. 

Ce premier long métrage est d’une rigueur et d’une mécanique implacables. La victime n’a jamais vu son bourreau, mais grâce à la mise en scène et aux plans séquences, le récit des tortures passe par l’écoute des voix de ceux qui les ont subies. Les souvenirs remontent grâce aux odeurs, à la peau, au toucher. 

Les revenants sont partout dans ce beau film hanté par l’absence et le manque, y compris chez ceux qui ont survécu.

Le sujet traite aussi avec beaucoup d’empathie du thème de l’exil et montre la difficulté de s’insérer dans un autre pays ainsi que les limites sociales relationnelles après de tels traumatismes.

Au-delà des stigmates de la prison et de la torture, le film montre à quel point il est difficile de faire le deuil, ainsi la merveilleuse scène où Hamid enterre dans le sable la photo de sa femme et de sa fille disparus, avec un petit cheval en bois. Pour ne rien oublier, mais pour tourner la page.

Adam Bessa incarne un personnage qui porte en lui et imprègne son regard de tout le poids d’un passé tragique.

Philippe Cabrol

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