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Border line

Annalyse du film : Border line

Sortie le 1 mai 2024 en salle | 1h 17min | Drame, Thriller

De Juan Sebastián Vásquez, Alejandro Rojas | Par Alejandro Rojas, Juan Sebastián Vásquez

Avec Alberto Ammann, Bruna Cusí, Ben Temple

Titre original Upon Entry (La llegada)

Un couple émigrant aux États-Unis est pris au piège de la police des frontières américaine. Un huis clos suffocant et prenant.

Littéralement « ligne frontière », l’anglicisme border-line ou borderline décrit un trouble de la personnalité, un état, initialement pathologique, qui oscille entre psychose et névrose. Dans le langage commun, on dirait « au bord de la folie ». C’est l’image du fil ténu, presque invisible … Au sens propre, géographiquement et politiquement, la « ligne frontière », c’est très précisément l’espace, le sas, la porte dont on doit passer le pas, après avoir négligemment fait viser son passeport, pour pénétrer dans un nouveau pays – et s’entendre par exemple annoncer, d’un ton jovial, « bienvenue aux États-Unis d’Amérique » ! Quand tout se passe bien.

Des valises, un taxi qui mène à l’aéroport, un stress de passeport oublié rapidement soulagé Border Line sent les vacances. Sauf que pour le couple Diego et Elena, ce vol en direction de New York est plus qu’une simple escapade : aux États-Unis, les deux Barcelonais espèrent recommencer leur vie à zéro et accomplir le fameux « American Dream »  Elle est espagnole, danseuse contemporaine. Lui est vénézuélien, diplomé en urbanisme. Sauf qu’à leur arrivée à l’aéroport de New York, tout va déraper. Lors de l’examen de leurs passeports, le douanier semble perplexe et rapidement, leur demande de les suivre pour un contrôle supplémentaire et subir un interrogatoire par la Police des frontières. C’est une formalité sur le papier qui va transformer leur rêve américain en long cauchemar.

Il y a quelque chose d’étouffant dans ce huis clos (après quelques minutes de taxi puis d’avion, les personnages passent la majorité du film dans un aéroport). L’enfermement spatial est une chose, l’incertitude en est une autre. Le couple fait ainsi face à toute la froideur des autorités américaines.

Vénézuéliens vivant en Espagne, les deux réalisateurs livrent un premier long métrage féroce sur la politique américaine en matière d’immigration et de droits humains. Ils construisent donc un thriller psychologique à la tension progressive, pour mettre en évidence les abus de domination et les décisions arbitraires qui entachent la démocratie aux États-Unis dans un contexte paranoïaque à la fois post-2001 et trumpiste (dans les premières secondes, la radio nous fait comprendre que le récit se situe durant la présidence Trump). S’installe aussi un jeu de dupes dans lequel il est difficile de démêler le vrai du faux, jusqu’à une fin percutante.

Ne se contentant pas d’aborder l’accueil des immigrés sur le sol américain, les réalisateurs en profitent pour évoquer la question de la confiance au sein d’un couple, de l’abus de pouvoir, du racisme ordinaire né de la peur de l’autre juste parce qu’il est différent.

Primé au Festival Premiers Plans d’Angers et au Festival Reims Polar, ce de premier long-métrage est un objet inclassable. Polar sans flingue, film d’horreur sans effets sanguinolents, il se borne à des décors minimalistes, et des champs / contre-champs sur quatre ou cinq acteurs discutant sur un ton de plus en plus vif.  

Philippe Cabrol

#analysedefilm

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