Le palmarès de la 81ème Mostra de Venise
Le palmarès de la 81ème Mostra de Venise (28 août-7 septembre 2024) :
Le prix SIGNIS 2024 de la Mostra de Venise a été attribué au film Je suis encore là de Walter Salles (Brésil-France, 2023), avec le commentaire suivant :
« Un cinéma social qui parle de la déchirure et de la résilience d’une femme et d’une famille, qui deviennent le symbole d’un pays entier exposé à la violence répressive d’un système militaire autoritaire. Eunice Pavia n’a jamais renoncé face à l’intimidation et aux obstacles de la bureaucratie. Elle a toujours lutté avec détermination sur le terrain de la légalité pour affirmer la vérité et la justice pour son mari Rubens Pavia et toutes les autres victimes d’oppressions diverses. Soutenue par un élan vibrant et maîtrisé, le film de Walter Salles passe du cri initial de dénonciation à un chant d’espoir pour la préservation de la démocratie et de la culture de la paix. Ainda estou aqui (Je suis toujours là) devient le gardien de la mémoire d’une page dramatique de l’histoire du Brésil, qui n’a pas encore été vraiment étudiée ni réparée, et en même temps un message fort pour notre présent, pour la démocratie en danger. » Le réalisateur brésilien Walter Salles avait reçu le prix du jury œcuménique à la Berlinale en 1998 pour Central do Brasil et le prix œcuménique à Cannes en 2003 pour le film Carnets de voyage. Murilo Hauser et Heitor Lorega ont reçu le Prix du meilleur scénario pour ce film.
C’est Pedro Almodovar qui a remporté le Lion d’or de la Mostra 2024 pour La Chambre d’à côté ». À 74 ans, le réalisateur espagnol reçoit l’un des prix les plus prestigieux de sa carrière, dans une histoire de suicide assisté. Il y est question d’Ingrid (Julianne Moore), autrice de romans angoissée par la fin de l’existence, et de Martha (Tilda Swinton), son amie de jeunesse, ancienne reporter de guerre habituée à défier la mort et qui, atteinte d’un cancer, décide de mettre fin à ses jours.
Le Lion d’argent – Grand prix du jury a été donné à Vermiglio de Maura Delpero (Italie-France-Belgique), qui avait auparavant réalisé Maternal. Le film relate la manière dont la vie de la famille d’un enseignant change pour toujours à l’arrivée d’un soldat fugitif dans un petit village de montagne du Trentin en 1944.
Vincent Lindon, pour sa part, a été sacré meilleur acteur masculin avec la Coupe Volpi, pour son rôle dans Jouer avec le feu, de Delphine Coulin et Muriel Coulin (France). Il y incarne un père confronté à la dérive de l’un de ses fils vers l’extrême droite violente.
Nicole Kidman a brillé en remportant la coupe Volpi de la meilleure actrice pour son rôle audacieux dans Babygirl, de Halina Reijn (USA,) un thriller érotique post-#MeToo où elle n’hésite pas à casser son image glamour.
Quant à Brady Corbet (Royaume-Uni), il a raflé le Lion d’argent de la meilleure réalisation pour The Brutalist, une œuvre monumentale de plus de trois heures sur un architecte rescapé de la Shoah.
Paul Kircher, jeune acteur prometteur, a été distingué par le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir pour sa performance dans Leurs enfants après eux, de Ludovic et Zoran Boukherma (France) adapté du roman de Nicolas Mathieu, qui a décroché le prix Goncourt 2018. Le film est « l’histoire d’adolescents et d’une génération qui grandissent avec un désir brûlant de participer au monde et sont mis de côté », a déclaré Paul Kircher en recevant le Prix. Enfin, le Prix spécial du jury a été décerné à April de Dea Kulumbegashvili (France-Italie-Géorgie), drame d’une gynécologue-obstétricienne exerçant à l’hôpital de Tbilissi.
Au final, un palmarès engagé et riche, où la politique internationale a fait irruption à travers les propos de Sarah Friedland, réalisatrice de la sélection Orizzonti, qui a évoqué la situation à Gaza lors de son discours.
Anne-Cécile Antoni
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