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Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
Analyse du film : Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
Sortie le 30 octobre 2024 en salle | 1h25min | Aventure, Animation, Famille, Fantastique
De Gints Zilbalodis | Par Gints Zilbalodis, Matīss Kaža
Titre original : Flow
L’action se situe dans un monde où toute présence humaine a disparu, la nature ayant repris ses droits, et où ne subsistent que les vestiges de mystérieux temples anciens. Le protagoniste principal, un chat noir aux grand yeux, est poursuivi par une horde de chiens qu’il parvient à fuir avant la montée des eaux. Pour échapper à la noyade, il trouve refuge sur un bateau. Il y sera rejoint par un chien affectueux, un oiseau, un capybara, un ragondin paresseux, et un lémurien matérialiste. Flow devra coexister avec les autres animaux, quand bien même leurs habitudes et régimes alimentaires respectifs n’ont rien en commun. Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences, à survivre et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Ce film d’animation entièrement muet a été plébiscité au Festival du film d’animation d’Annecy où il a remporté trois prix, et présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024. Flow est un prolongement d’Away (2019), précédent long métrage de Gints Zilbalodis, centré sur un personnage vivant seul sur une île et cherchant à se reconnecter à la civilisation.
Avec son second long métrage, Gints Zilbalodis revisite le mythe de l’Arche de Noé, mais n’invite à son bord que des animaux. Le film touche à l’universel en même temps qu’il questionne notre capacité à faire face à la catastrophe climatique à venir.
Flow met en scène un monde abandonné par l’être humain, dans lequel la nature a repris ses droits. Un monde vert, envahi de végétaux dans lequel la présence humaine est seulement suggérée par des bâtiments abandonnés et des cités en ruine.
Le voyage est la fois géographique et intérieur et oblige les animaux à s’adapter à de nouvelles conditions d’existence. En l’absence de dialogues et de narrateur, le cinéaste introduit du rythme grâce à son travail de la bande son et à une caméra virevoltante.
Dans ce film le bateau est quasiment un personnage à part entière, il revêt une importante charge symbolique, onirique et spirituelle à la fois. Dans le film, le bateau est le seul refuge offrant protection aux animaux naufragés, c’ est un lieu de rencontre et d’expérimentations, À bord de l’embarcation, chaque animal a sa fonction : l’oiseau dirige le gouvernail, le lémurien devient rapidement la vigie attitrée, le capybara sera le nourricier et le chat noir fait le lien entre toutes ces espèces Le bateau devient aussi le fil conducteur du récit.
Avec son propos universel, le film est traversé par de grandes questions : qu’adviendra-t-il de l’homme quand il ne sera plus sur terre ? Comment sensibiliser aux enjeux écologiques et faire émerger une conscience collective ? Il nous invite à s’interroger sur l’empathie, l’entraide et les ressorts indispensables au bon fonctionnement des sociétés humaines. De plus le film évoque tout en finesse la fin, le deuil et le renouveau après la catastrophe.
Philippe Cabrol
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