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Un balcon sur la mer

A voir à la télévision cette semaine : Un balcon sur la mer de Nicole Garcia

Sur Arte ce mercredi 13 avril à 20h50

Marc Palestro est un bon époux, un bon père de famille et même un bon gendre. Ayant réussi, il exerce la profession d’agent immobilier. C’est donc une vie aisée qu’il mène Au hasard d’une vente, il croise une femme une femme, Marie-Jeanne. Immédiatement, il croit reconnaître en elle Cathy, la fillette qu’il a jadis passionnément aimée et dont il a été séparé à la fin de la guerre d’indépendance algérienne. Au plus profond de lui, un passé jusque-là en sommeil se réveille. Ils passent la nuit ensemble, mais le lendemain, Marie-Jeanne disparaît. En évoquant avec sa mère ses souvenirs flous de leur passé algérien, Marc commence à douter de l’identité de cette femme avec laquelle il a passé une nuit. Bouleversé par cette rencontre, Marc va chercher à la retrouver. De Nice à Oran, cette enquête va le conduire sur la voie d’une quête introspective pour raviver sa mémoire défaillante. Nicole Garcia aime les films de famille sur les liens entre les hommes et les femmes qui sont malmenés par leurs sentiments et dont les destins vont basculer. Chez Nicole Garcia, les hommes, même entourés, paraissent toujours seuls, enfermés dans un secret. La vie de Marc, dans ce film, a toutes les apparences du bonheur familial et professionnel. Pourtant, certains de ses silences en disent long… Une nouvelle fois, la réalisatrice se penche sur l’enfance et sur les méandres de la mémoire et la complexité de l’identité. Un balcon sur la mer joue, en effet, sur les faux-semblants, la vie de couple qui s’effrite, les relations professionnelles conflictuelles, les choix amoureux et familiaux. Nicole Garcia ajoute à son film, sa propre histoire; celle de son enfance en l’Algérie, alors en proie à la révolte et à la recherche de l’indépendance, qui sera proclamée en 1962. Utilisant les flash-back, elle met en image ses propres souvenirs sur les destins d’un pays (l’Algérie), d’un peuple (les Algériens) et d’une communauté (les pieds-noirs). A l’image de la mémoire fragmentaire et sélective de Marc, le passé et la vérité apparaissent par petites touches. La vie actuelle de Marc s’efface pour laisser place au passé qui ressurgit. Avec lui, on chemine vers ce balcon sur la mer, vers ce lieu de l’enfance perdue, cet endroit secret de nos mémoires dont les souvenirs d’enfance sont tantôt douloureusement heureux ou joyeusement douloureux. Nicole Garcia aime décrypter les richesses et les fêlures de ses personnages qui risquent à tout moment de basculer. Ce film que la réalisatrice a qualifié de « thriller des sentiments » est l’histoire d’un homme arraché à ses deux passions de jeunesse : un pays (l’Algérie), une petite fille (Cathy). Ce qui l’intéresse, c’est le vertige. Et ce vertige avec un homme déboussolé, une femme mystère, blonde, brune, ombre et lumière donne une atmosphère hitchcockienne style Vertigo (un des plus beaux films d’Hitchcock) à Un balcon sur la mer.

Philippe Cabrol

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