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Les Crimes du futur

En direct du Festival de Cannes : Les crimes du futur de David Cronenberg

A chaque festival de Cannes, son film aussi dérangeant que fascinant. Cette année, c’est un film aux frontières du thriller dystopique et du cinéma d’horreur, une expérience subversive et provocante, poussant le spectateur dans ses retranchements.

Après huit ans d’absence au festival de Cannes (sa dernière venue était pour présenter Maps To The Stars), le réalisateur ressort de ses tiroirs un scénario écrit en 1998, entre deux films culte, « Crash » (1996) et « eXistenZ » (1999). Cronenberg a révolutionné le cinéma d’horreur avec des films peuplés de machines organiques, de corps ouverts et de héros inquiets, dans Les Crimes du futur, le cinéaste y poursuit son exploration de la nature humaine, de l’art et de la mort dans un futur dévasté étrangement d’actualité. La première image du film est très forte : un enfant seul au bord de l’eau, et derrière lui un navire échoué –comme la métaphore d’un futur inquiétant. L’enfance est liée à la mort de façon troublante.
Dans un futur proche dans lequel il y a nécessité de s’adapter à un environnement de plus en plus synthétique, les hommes ont appris à vivre sans leur enveloppe corporelle. L’Humanité est désormais capable de modifier sa composition biologique et notamment de se métamorphoser. Avec la complicité de sa partenaire Caprice, Saul Tenser, célèbre artiste performeur, dévoile l’ablation et la transformation de ses organes dans des spectacles d’avant-garde. Timlin, une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes, suit de près leurs pratiques. C’est alors qu’un groupe mystérieux se manifeste : ils veulent profiter de la notoriété de Saul pour révéler au monde la prochaine étape de l’évolution humaine…
Une fois de plus, David Cronenberg nous surprend, avec cette œuvre qui s’apparente à une relecture des concepts « cronenbergiens » . En effet le cinéma de David Cronenberg n’a cessé de faire l’étalage des métamorphoses de l’être humain au contact d’une technique aux mille visages. De film en film, les objets auront mis les corps en péril. On reconnaît avec ce film les obsessions de Cronenberg : l’exploration de la technologie liée au corps humain , l’art comme prolongement poétique de la chirurgie, la prolifération de tumeurs et de nouveaux organes.
Si dans la La plupart des films de science-fiction apparaissent vaisseaux et armes du futur, dans Les crimes du futur, les machines sont des chaises, des lits et des tables d’autopsie.
Avec son décor fin du monde, son atmosphère nocturne on peut voir ce film comme un film-testamentaire. Film sur le vieillissement, sur les mutations.

Philippe Cabrol

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