
Incroyable mais vrai
Analyse du film : Incroyable, mais vrai de Quentin Dupieux .
Incroyable mais vrai raconte l’histoire d’Alain et Marie, un couple ordinaire, cinquantenaire, sans enfants et qui s’apprête à emménager dans un pavillon de banlieue. Alain est agent d’assurances, il aspire à une vie paisible. Concernant Marie, on ne sait pas trop ce qu’elle fait, sinon qu’elle se regarde beaucoup dans la glace et ça l’attriste de se voir vieillir. Marie mettrait bien du piquant dans leur quotidien. Sauf que lors de la visite de la maison, l’agent immobilier leur affirme que la cave contient une trappe au tunnel énigmatique qui pourrait changer leur vie. Si on passe la trappe de sa cave, on est propulsé de douze heures en avant dans le temps, tout en rajeunissant de trois jours. De quoi déboussoler Marie qui va multiplier les visites dans ce lieu magique.
Pour soigner sa déprime face au comportement de sa femme qui lui échappe de plus en plus, Alain va se prendre de passion pour la pêche à la ligne et se rapprocher de son patron un drôle de zigoto, moustachu, bedonnant et vulgaire, qui, pour plaire à son épouse s’est fait greffer un sexe électronique.
En attendant Fumer fait tousser, film présenté au Festival de Cannes 2022, Quentin Dupieux nous présente une comédie décalée, passée elle par la section hors compétition du festival de Berlin en février dernier.
Ce film est évidemment placé sous le double signe de la fantaisie et de l’humour décalé. Il est à la fois déjanté, absurde, hilarant, surréaliste, kafkaïen et ubuesque. Ce qui est particulièrement intéressant dans le scénario de Dupieux, c’est que ses deux personnages principaux vont finalement avoir des réactions aux antipodes l’une de l’autre, l’une privilégiant ce qu’elle pourrait avoir, ou vivre, l’autre se contentant de ce qu’il a, ou a vécu. Jouant avec les obsessions de chacun, le metteur en scène livre une réflexion assez sympathique sur le temps qui passe
Entre les Monty Python et Bertrand Blier ainsi que Jean-Pierre Mocky Quentin Dupieux, film après film, tous plus barrés les uns que les autres, plus ou moins réussis, construit sa propre œuvre unique.
« Incroyable mais vrai » s’amuse de la routine du couple, de la peur de vieillir, du jeunisme et de ses injonctions performatives : fraîcheur chez les femmes, virilité chez les hommes.
Philippe Cabrol