Armageddon Time
Analyse du film : Armageddon Time de James Gray
sortie en salle le 9 novembre
James Gray est revenu en compétition au Festival de Cannes 2022 avec un film ouvertement inspiré de sa propre jeunesse.
Au milieu des années 1980, le quartier du Queens à New York est sous l’hégémonie du promoteur immobilier Fred Trump, père de Donald Trump, le futur président des États-Unis.Un adolescent, Paul, étudie au sein du lycée de Kew-Forest School dont le père Trump siège au conseil d’administration de l’école et dont Donald Trump est un ancien élève.
Armageddon dans la Bible c’est le lieu du dernier combat entre le bien et le mal. A New York dans les années 80, deux jeunes garçons vont vivre une histoire d’amitié contrariée. Tous deux appartiennent à des minorités : l’un est juif, l’autre noir. dans une Amérique qui privilégie ce qui est blanc, propre et riche.
Le film de James Gray dénonce le déterminisme social, l’injustice pour les uns et le privilège pour les autres qui se perpétuent de générations en générations.
Le cinéaste focalise son intrigue sur sa thématique de prédilection : les relations filiales conflictuelles. Pour narrer son enfance, James Gray se crée un double, Paul Graff et installe sa caméra au cœur d’une famille juive. Les figures paternelles gravitent autour du héros, à commencer par ce grand-père charismatique et aimant, qui est peut-être le seul à croire en ses aspirations. Armageddon Time est un film sur l’éducation, en ce qu’elle doit ouvrir des chemins et créer des espaces de liberté.
James Gray filme également avec une grâce infinie la relation entre Paul et un jeune garçon noir, élevé par une grand-mère démente. Ils vont apprendre dans la douleur qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes discriminations
Le film est une balade agréable au cœur des souvenirs d’un homme dont les tragédies familiales n’ont cessé de le passionner, voire même de le hanter. James Gray signe là le film le plus personnel de sa carrière avec toujours en ligne de mire, ses obsessions de toujours : le déterminisme familial et social, le choix de la liberté et le rapport au père.
Philippe Cabrol