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Ama Gloria

En direct de Cannes : Analyse du film : Ama gloria

De Marie Amachoukeli

Genre : drame

Nationalité : France, Cap Vert

Distribution : Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego

Durée : 1h23mn

Sortie en salle : 30 août 2023

Marie Amachoukeli est de retour au Festival de Cannes à la Semaine de la Critique. La cinéaste nous offre le portrait solaire d’une femme ordinaire, empêtrée dans les tracas du quotidien. Ce personnage, c’est Gloria, une nourrice qui a noué un lien très fort avec la petite Cléo, au point de la considérer comme sa propre fille. Depuis la mort de sa mère, la fillette a trouvé une maman de substitution en cette nounou, une épaule toujours là pour absorber ses mélancolies juvéniles. Alors que Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert auprès de ses enfants, la séparation est inconcevable et insupportable le pour la gamine, au point de pousser son père à l’envoyer passer l’été là-bas.

L’une des grandes forces d’Ama Gloria est cette façon dont est présenté et analysé le lien qui unit ces deux filles sans mère. Cette bonté et cet amour réciproque irradient l’écran. Parce que les liens du cœur sont parfois plus forts que les liens du sang, leurs retrouvailles en disent long sur l’attachement et la perspective de se séparer et construire, l’une sans l’autre, leur nouvelle vie. Du haut de ses six ans, Cléo sent bien que sa place ne sera bientôt plus aux côtés de Gloria, qui lui offre pourtant une place de choix le temps de son séjour et la présente « comme sa fille ».

Pudique et subtile, cette chronique estivale à hauteur d’enfant séduit par la douceur avec laquelle elle capte ces tourments enfantins. Entrecoupé de séquences d’animation, tantôt souvenirs, tantôt rêves, et même astuces de tournage, le récit touche grâce à une absence totale de superficialité, la caméra se concentrant sur la capture des émotions, les regards et les moments de vie.

Le cadrage et les gros plans nous dévoilent combien l’enfant a soif d’attention, d’écoute, d’exclusivité et combien avec délicatesse, douceur, justesse, Gloria lui offre le cadre rassurant et aimant qui rendra la séparation inévitable tellement difficile. L’itinéraire de Gloria avec sa famille du Cap-Vert et la place qu’y tient Cléo, nous questionnent sur la construction de la maternité et de la famille, sur ce qui permet qu’on nomme une personne « amour » (« ama » partie du titre du film), sur la déchirure de la séparation, sur le chemin douloureux de l’acceptation de la perte de son statut d’unique centre du monde.

Philippe Cabrol, Chrétiens & Cultures

https://chretiensetcultures.fr