Fermer les yeux (Cerrar los ojos)
De retour du Festival de Cannes : Présentation du film : Fermer les yeux (Cerrar los ojos)
Cannes Première
Nationalité : Espagne, Argentine
Genre : Drame
Durée : 2h49min
Date de sortie : 16 août 2023
Réalisateur : Victor Erice
Acteurs principaux : Ana Torrent, Manolo Solo, María León
Julio Arenas, un acteur célèbre, disparaît pendant le tournage d’un film. Son corps n’est jamais retrouvé, et la police conclut à un accident. Vingt-deux ans plus tard, une émission de télévision consacre une soirée à cette affaire mystérieuse, et sollicite le témoignage du meilleur ami de Julio et réalisateur du film, Miguel Garay. En se rendant à Madrid, Miguel va replonger dans son passé…
Victor Erice est un réalisateur peu productif mais essentiel dans le cinéma espagnol. C’est peu dire que l’on attend ses films, depuis L’Esprit de la ruche (1973).
Fermer les yeux traite de sujets humains avec une sensibilité extrême. C’est d’abord une histoire d’amitié masculine, entre le cinéaste-écrivain, Miguel Garay et l’acteur Julio Arenas, tragiquement disparu il y a plus de vingt ans. L’absence et la solitude ont forgé le présent de Miguel que l’actualité d’une émission télé force à renouer avec son passé et sa véritable passion, le cinéma.
Victor Erice prend le temps de raconter son histoire, il filme comme il vit, de sensations, d’associations d’idées, d’approches de caractères d’une profonde sincérité. Il faut se laisser aller dans cette intimité des personnages, se couler dans le récit, adoptant son rythme, ressentir la temporalité, accepter les ruptures et les circonvolutions scéniques. La boucle est bouclée grâce à la mise en abyme qui met en perspective la recherche d’identité, celle de ceux qu’on croit connaître, la sienne. On peut entendre alors ce que l’âge apprend à notre mémoire en rapprochant les âmes.
Le film n’en fait pas un mystère : Miguel, qui n’a rien filmé pendant vingt ans, est un « avatar » d’Erice. Difficile, quand on a longtemps espéré des nouvelles du cinéaste espagnol, de résister à la mélancolie de cette quête d’un ami perdu par un cinéaste qui ne tourne plus. Le poids des souvenirs écrase chaque interaction, notamment celles avec Ana Torrent, qui incarne ici la fille de Julio. Le disparu a laissé derrière lui l’enfant de L’Esprit de la ruche qu’Erice filme à nouveau, tant d’années après, avec une grande tendresse.