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Club Zéro

Annalyse du film : Club Zéro

Compétition Officielle Cannes 2023

Nationalité : Autriche, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Danemark

Genre : Drame, Thriller

Durée : 1h50min

Date de sortie : 27 septembre 2023

Réalisatrice : Jessica Hausner

Acteurs principaux : Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Elsa Zylberstein

Ou la tragique chronique d’un endoctrinement pour la cause écologique.

Dans son nouveau long métrage, Jessica Hausner filme des lycéens qui, sous l’emprise d’une enseignante, décident de modifier radicalement leur alimentation. Le film s’ouvre sur une mise en garde contre les désordres alimentaires qu’il évoque. Club Zéro est une proposition dérangeante sur une thématique qui préoccupe désormais tout le monde ou presque, la protection de l’environnement. Dans son dernier long métrage, la réalisatrice l’associe à l’alimentation, la jeunesse et l’éducation .

«Ce film comprend des scènes de manipulation psychologique et de troubles du comportement alimentaire.» Incomplet, le message de prévention précédent Club Zero ne précise pas que le long-métrage de Jessica Hausner comprend aussi des critiques en tout genre de la société actuelle sur la mondialisation, le changement climatique, la faim dans le monde et les tendances alimentaires (régime kéto, véganisme…) qui desservent son propos. «C’est surtout un film sur la manipulation sur ce à quoi l’on croit et à quel point on peut croire en quelque chose», indiquait la réalisatrice

Miss Novak arrive dans un lycée privé pour enseigner l’«alimentation consciente», un mode de vie que la professeure va petit à petit inculquer aux jeunes adolescents et qui repose sur un contrôle drastique de leur régime alimentaire, visant in fine à assainir le corps et l’esprit. Sa méthode prône, par exemple, de respirer avant de manger une tablette de chocolat. Prendre ainsi conscience de son alimentation serait, selon elle, un moyen de participer à la protection de l’environnement. Comme le montre la première scène du film, les jeunes qui s’inscrivent dans son cours ont des motivations diverses. Mais peu à peu, sous l’influence de leur enseignante, leur rapport à la nourriture va se radicaliser, sous les yeux des parents des lycéens. Sous l’emprise de Miss Novak, ces jeunes intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.

La réalisation est très cadrée, jouant avec les couleurs et les lents mouvements de caméra. Les compositions mettent en avant les décors pour créer une sensation d’étrangeté et de déconnexion profonde entre l’humain et son environnement.
Dans un décor géométrique et austère, les personnages semblent froids, déconnectés de notre monde, vivant entre-eux. Seul un élément n’est pas de cet univers, un élève qui a besoin d’une bourse pour rester dans l’école. Le film montre comment la communauté agit sur l’individu et détruit son sens critique

Jessica Hausner démontre de nouveau sa capacité à mettre en image l’emprise, qu’elle soit d’origine végétale – c’était le cas dans son précédent film Little Joe, présenté également en compétition à Cannes – ou humaine. C’est une satire sociétale qui ne mâche pas ses mots, qui appuie là où ça fait mal en montrant les dérives sectaires de notre temps. Elle parle ainsi de nos paradoxes d’être humain, de notre volonté sans faille ou au contraire faillible, de l’incompréhension entre les générations ou encore de notre vulnérabilité face à l’influence des autres. Jessica Hausner dépeint aussi les maux qui rongent son époque, notamment le manque d’idéaux d’une jeunesse qui ne trouve plus de causes auxquelles se raccrocher. Le film montre aussi des adultes complètement irresponsables et pris dans le mouvement de la société à laquelle ils appartiennent, pour faire le mieux et le mieux pour leurs enfants sans se poser aucune question, ainsi le père qui ne s’occupe de rien, le parent d’élève intrusif, la mère anorexique qui projette sur sa fille.

Sans que le film ne précise réellement ni où ni quand il se déroule, Club Zéro résonne comme une fable contemporaine sur les dérives sectaires des adolescents. Brutal, un brin cynique ce long-métrage présente une société en prise avec ses certitudes, ses technologies et ses dogmes de plus en plus nombreux qui remettent en cause jusqu’au plus primaire des besoins : se nourrir…

Philippe Cabrol

https://www.youtube.com/watch?v=Bru8Xqd8veo

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