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Ça tourne à Séoul !

Présentation du film : Ça tourne à Séoul ! de Kim Jee-woon

Présentée hors-compétition à Cannes, la nouvelle œuvre de Kim Jee-woon « Ça tourne à Séoul ! » a fait l’ouverture du Festival européen du film fantastique à Strasbourg. Plutôt habitué aux films d’horreur et aux thrillers, il est surprenant de retrouver Kim Jee-woon à la tête d’une comédie. Pourtant, Ça tourne à Séoul ! est une belle réussite.

Séoul,1970. Kim, réalisateur, est insatisfait de la fin de son dernier film. Malgré les obstacles et les interférences des autorités de censure, des acteurs mécontents, des producteurs omniprésents, Kim est déterminé à retravailler la fin de son film en seulement deux jours, dans l’espoir d’en faire un chef-d’œuvre.

Malgré le refus des producteurs, la censure des autorités et les caprices de ses acteurs, Kim enferme tout le monde dans les studios afin de boucler son chef-d’œuvre en cachette. Le cerveau en ébullition et la caméra à bout de bras, il entraîne le spectateur sur le tournage du long métrage mais aussi au cœur des coulisses où la fatigue gagne peu à peu tous les comédiens : entre des actrices hystériques, des époux infidèles, de faux flics et des envies de meurtres, l’anarchie se propage peu à peu sur l’ensemble du plateau jusqu’à une chute finale qui nous rappelle avec ironie l’absurdité de nos existences.

Derrière ce chaos apparent qui navigue entre le thriller hitchcockien et la comédie loufoque, on est séduit par la maitrise formelle de ce long métrage : le spectateur savoure en effet le schéma alternatif du « film dans le film », l’un tourné en noir et blanc (Cobweb), l’autre en couleur.

Avec un humour noir Kim Jee-woon s’amuse aussi à mettre en lumière la cupidité, le mensonge ou l’égocentrisme. Par-delà la critique de ses semblables et de leurs perversions, il ressort surtout de son film un hommage à la création et aux artistes incompris. A travers la caricature de son cinéaste en quête du chef-d’œuvre qui lui apportera la reconnaissance de ses pairs, Kim Jee-woon exprime de toute évidence son amour pour le 7e Art et sa solidarité avec les réalisateurs de l’ombre.

Philippe Cabrol

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