
Retour sur la conférence : La France et ses étrangers
Le jeudi 3 avril 2025, Chrétiens et Cultures a organisé au Carrousel à Montpellier, dans une salle comble, une conférence intitulée : la France et ses étrangers ; Eric Savarese, professeur de sciences politiques à l’Université de Montpellier, a présenté sur ce thème un exposé d’une grande clarté, puis a répondu avec jovialité aux questions du public venu nombreux.
Partant de la loi du 26 juin 1889 qui institue la vision moderne de la citoyenneté française, E. Savarese a dégagé les faits caractérisant depuis lors la gestion des frontières et les droits accordés, en voici quelques-uns :
– l’immigré né à l’étranger n’est pas français, mais son enfant né en France peut souscrire lui-même la déclaration acquisitive de la nationalité française dès lors qu’il est âgé de plus de 18 ans ; l’enfant de cet enfant resté en France est alors automatiquement français : après trois générations, il ne s’agit alors plus d’étrangers ;
– la politique de l’immigration est variable selon les époques, elle est choisie selon les intérêts du moment, liés aux situations démographique et économique : dans les années suivant la première guerre mondiale, il fallait repeupler la France après la saignée de 1,3 million de Français métropolitains tués, les frontières sont alors ouvertes et les naturalisations nombreuses ; pendant les 30 glorieuses, les frontières sont ouvertes à la main d’œuvre étrangère mais les naturalisations sont restreintes ;
– actuellement, on observe trois phénomènes : l’immigration de travail, celle qui résulte de regroupements familiaux, et enfin les étudiants étrangers dont le nombre a augmenté ces dernières années.
Les participants ont interrogé le conférencier sur l’état d’esprit de l’opinion publique et de la sphère politique, présentant souvent comme un problème la présence sur le sol national de plusieurs origines culturelles. Il a rappelé que la République française n’est pas organisée sur un système communautaire : par exemple, un justiciable n’est pas considéré sous l’angle de ses appartenances culturelles ou religieuses. Il y a danger à présenter de façon stéréotypée et uniformisée tel groupe culturel qui est en réalité divers, sa stigmatisation peut le conduire à un repli identitaire favorisant les dérives : c’est ce qu’en sociologie on désigne par le « retournement du stigmate ».
Cette conférence a fait ressortir des analyses objectives loin des idées toutes faites dans un contexte souvent troublé.
Chrétiens et Cultures organisera à l’automne son festival Anima de musiques religieuses de différentes cultures : une soirée de présentation développera une conférence sur le dialogue, thème de ce festival Anima 2025.
Dominique Pain
