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Hommage au Père Christian Doumairon

Hommage au Père Christian Doumairon, prononcé par Françoise Vezinhet, membre de l’Association Chrétiens et Cultures lors de ses obsèques célébrées le 9 avril en l’église des Saints François à Montpellier.

« J’ai rencontré le Père Christian Doumairon lorsque j’ai rejoint l’Association Chrétiens et Cultures en 2010, mais j’ai l’impression de l’avoir connu bien avant tant son image, son empreinte, son influence omniprésente, le rendait indissociable de cette association.

Celle-ci a été créée par le Père Doumairon en 1995, dans le cadre de sa délégation épiscopale aux réalités touristiques, aux loisirs et à la culture.

Il ne faisait ainsi que traduire dans les actes sa conviction que le message du Christ n’est pas fait pour être confiné dans les églises, mais peut trouver sa pleine dimension dans la cité, que les valeurs évangéliques peuvent se retrouver dans la création artistique, quand l’homme s’exprime par un dépassement de lui-même dans les arts, danse, cinéma musique, pour toucher à l’invisible.

Dès son projet manuscrit de création de l’association, il précise qu’il tient aux « s » de chrétiens, pour s’ouvrir aux protestants et orthodoxes, mais aussi au « s » de cultures pour laisser le champ ouvert à plusieurs formes d’expression pour appréhender le réel : conférences, voyages, cinéma, musique.

Et dans l’utilisation du vecteur artistique, pour rapprocher les hommes et ainsi faire œuvre d’église dans la vie de la cité, il n’a manqué ni d’audace, ni de constance.

Pour illustrer l’audace, on se souviendra de la part prise par le Père Doumairon dans la création de la cantate des Nations en la cathédrale Saint Pierre en 1998 et de la reprise de cette œuvre au Zénith de Montpellier en 2009, pour lancer le Festival Interreligieux de Musiques sacrées.

On se souviendra de la messe de l’an 2000, rencontre de la danse et du sacré, donné à l’Opéra comédie le 2 décembre 1998, et dont il dira lui-même « Certains apprécieront le rythme, l’agilité, la grâce… d’autres seront conduits à la méditation et à la prière. »

Mais sa ténacité et sa constance pour exercer sa mission de délégué à la culture se retrouvent dans la création de deux festivals qui perdurent en 2022, le Festival Chrétien du Cinéma pour sa 24 ième édition, et le Festival Interreligieux de Musiques Sacrées pour sa 22 ième.

Pour le Festival Chrétien du cinéma, il disait « il n’y a pas de festival du cinéma chrétien mais bien un festival chrétien du cinéma, le cinéma me donne de voir la vie non pas telle que je voudrais qu’elle soit, mais telle qu’elle m’est donnée par des professionnels qui ont aiguisé mon regard ».

Très vite rejoint par le Pasteur Jean Domon, il a su s’entourer de nombreux cinéphiles hommes et femmes pour proposer chaque année sur un thème donné une sélection de films, dans un grand souci d’ouverture à des genres divers, à des réalisations de cultures variées, ne s’interdisant aucune forme d’expression, allant parfois sur des thèmes, qui pouvaient être clivants, voire dérangeants, mais ainsi permettant des échanges fructueux entre les spectateurs, dans un esprit d’ouverture d’esprit et de tolérance.

Il a voulu ce Festival intergénérationnel, en créant en complément du Festival adultes un festival enfants ouvert aux élèves de l’école primaire au lycée, et permettant ainsi à plus de 6000 enfants chaque année d’avoir accès au grand écran, avec un accompagnement à la lecture des images, oh combien utile de nos jours.

Le festival Interreligieux de Musiques sacrées, a trouvé son ancrage après les attentats de 2001, lorsque les trois communautés, chrétiennes, juives, et orthodoxes se sont rassemblées dans un même élan de fraternité et de paix et ont décidé à l’initiative du Père Doumairon de poursuivre, ce rapprochement entre elles et de poser chaque année par une proposition artistique élaborée en commun un acte fort d’un possible vivre ensemble à travers la beauté et la spiritualité de la musique dans une écoute partagée.

C’est ainsi que dans des églises, des temples des salles publiques, ont résonné des chants grégoriens ou juifs, des chœurs orthodoxes, des ensembles soufis, des gospels, etc…les artistes des trois communautés se rejoignant souvent sur une même scène, pour au moins le temps d’un concert faire humanité.

Le Père Doumairon a ainsi su entrainer dans son sillage, l’église de Montpellier, mais a aussi été reconnu comme un agent important de la vie culturelle à l’échelle de la ville.

L’association Chrétiens et Cultures a aussi été un support pour de nombreux voyages, vers des destinations attendues, comme Lourdes, Rome, la terre sainte, mais aussi des destinations s’ouvrant à d’autres cultures, comme la Syrie, la Jordanie ou même le Vietnam.

Je suis sûre que dans cette assemblée, nombreux sont ceux pour lesquels des moments forts, vécus lors de ces voyages, leur reviennent en mémoire.

Je terminerai par quelques mots sur le caractère de l’homme.

C’était un homme d’une grande convivialité, aimant par-dessus tout partager un bon repas, précédé d’un whisky avec glaçons, il ne fallait pas les oublier…Il recherchait toujours le lien social, il aimait être entouré, il avait son franc parler, parfois même des paroles âpres, mais s’il se rendait compte qu’il avait blessé son interlocuteur, il savait revenir vers lui pour s’excuser.

L’œuvre du Père Doumairon a été comme nous venons de le voir, importante, originale, au sens noble du terme, courageuse, parfois audacieuse, et il a su pour la mener à bien entrainer moultes personnes dans son sillage.

Merci Père pour ce que vous avait fait, pour ce que vous avez été et nous aurons à cœur au sein de l’association Chrétiens et Cultures d’être dignes de l’héritage que vous nous avez laissé. »

Photo : Midi Libre

https://chretiensetcultures.fr