L’Enlèvement
De retour du Festival de Cannes : Présentation du film : L’Enlèvement (Rapito)
Compétition Officielle
Nationalité : Italie, France, Allemagne
Genre : Drame
Durée : 2h 05min
Date de sortie : 1er Novembre 2023 en salle
Réalisateur : Marco Bellocchio
Acteurs principaux : Barbara Ronchi, Filippo Timi, Fabrizio Gifuni
En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l’enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant…
On sort abasourdi… en se demandant quelle est la part historique dans ce qui nous est rapporté par Marco Bellochio. La réponse est sans appel : aussi bien le contexte politique – une période de monarchie papale réactionnaire, l’unification italienne en cours – que les grandes lignes de la vie d’Edgardo Mortara sont vrais : du baptême en secret par la nourrice, en passant par le procès et le fait que l’affaire a fait scandale en Europe, et jusqu’à sa volonté ultérieure de convertir sa mère. Car le cinéaste italien nous plonge au cœur de l’Italie du milieu du dix-neuvième siècle et de ses soubresauts politiques et religieux. Le Pape Pie IX apparaît dogmatique et inflexible.
La mise en scène est splendide, grandiose. La musique orchestrale symbolise le faste et les excès de pouvoir.
Au-delà des faits, l’écriture et le jeu des acteurs nous mettent en présence de l’intensité du drame qui s’est joué alors, nous font ressentir la détresse de l’enfant comme de ses parents, le fonds de tristesse de l’adulte, l’incompréhension que sa démarche a pu susciter et peut encore susciter. C’est fascinant. Mais le film ne donne pas la clé de l’attitude de cet enfant devenu homme. Même face à sa mère mourante, il suscite l’incompréhension
Même si le réalisateur se défend de toute visée idéologique, on pourra voir là une réflexion sur les dérives des régimes autoritaires.
Rapito offre un spectacle grandiose et bouleversant à la fois. La force de son scénario tient l’intrigue de bout en bout. Il exprime une critique sévère des institutions, l’Église ou la justice, et questionne le rapport à la mère à travers cette histoire méconnue.