Oh Canada
Analyse du film : OH CANADA de Paul Schrader
Sortie le 18 décembre 2024 en salle | 1h35min | Drame
Avec : Richard Gere, Uma Thurman, Jacob Elordi
Qu’est-ce qu’il reste à la fin d’une vie, si ce n’est son passé et ses souvenirs ? C’est toute la réflexion de Oh Canada, drame de Paul Schrader présenté en en compétition officielle au Festival de Cannes.
Ce film semble être le dernier volet d’un “triptyque sur la rédemption” entamé avec Sur le chemin de la rédemption (2017) et The Card Counter (2021).
avec Oh Canada, puisque Paul Schrader signe l’adaptation du dernier livre de l’auteur américain Russell Banks, décédé en janvier 2023 à quelques mois du coup d’envoi du tournage.
Structuré comme un puzzle, par un assemblage de souvenirs épars et de formats hétérogènes, Oh Canada narre l’histoire entre de Léonard, un cinéaste aussi renommé que controversé, au crépuscule de sa vie, et l’un de ses disciples venu à son chevet pour recueillir ses dernières confidences. Comme beaucoup des personnages mis en scène par Paul Schrader, le protagoniste du long métrage est hanté par l’armée.
Ce n’est pas simplement la vie d’un homme lâche, rongé par la culpabilité, ayant fui les Etats-Unis pour échapper à ses responsabilités familiales qu’il cherche ici à dépeindre, mais les moments qui précèdent la mort, lorsque l’homme se trouve au précipice de sa vie et ne peut que regarder en arrière avant de sauter, malgré la confusion, malgré les souvenirs qui se troublent, avant de traverser l’ultime frontière.
Les films de ce réalisateur ont en commun des motifs et des obsessions : une infinie variation sur une figure d’homme seul et torturé, quelque part entre le Travis Bickle de Taxi Driver (qu’il a scénarisé) et les figures de Robert Bresson (son modèle absolu) dans Pickpocket ou Journal d’un curé de campagne.
Schrader, tournant toujours avec peu de moyens, est ici ambitieux, et sort de ses réflexes scénaristiques habituels. Oh, Canada évoque une tentative de rédemption : celle d’un lâche. Leonard a passé l’essentiel de sa vie d’adulte à fuir la vérité de ses jeunes années. C’est au seuil de la mort qu’il entend tout révéler, dans une ultime confession où se mêlent les souvenirs et les affabulations. Car la mémoire défaillante de Leonard lui fait confondre et échanger des détails. Schrader a trouvé les bons procédés pour reproduire sa confusion, la distiller dans le récit sans pour autant trop nous égarer.
Oh, Canada pourrait être aussi le film métaphoriquement testamentaire de Schrader, passant en revue certains de ses thèmes de prédilection.
Philippe Cabrol
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