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Semaine de la Critique, Cannes 2025

Cannes 2025 : Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Martin Jauvat et Ella Rumpf à la Semaine de la critique.

On connaît désormais la sélection 2025 de la Semaine de la critique, section parallèle du Festival de Cannes destinée à mettre les premiers et seconds films à l’honneur. Et elle nous met en appétit.

La Semaine de la critique a dévoilé lundi 14 avril le programme de sa 64ᵉ édition, et elle a fière allure. La cinéaste belge Laura Wandel, qui nous avait fortement impressionnés avec Un monde (2021), son premier long métrage, sur le thème du harcèlement scolaire, fera l’ouverture hors compétition mercredi 14 mai avec le très attendu L’Intérêt d’Adam situé, lui, dans l’unité pédiatrique d’un hôpital avec, en têtes d’affiche, Léa Drucker et Anamaria Vartolomei. Les autres séances spéciales programmées sont tout aussi prometteuses avec Des preuves d’amour, le premier long métrage d’Alice Douard, avec Ella Rumpf et Monia Chokri en couple de femmes mariées qui attend son premier bébé, et Baise-en-ville, la nouvelle comédie décalée écrite, réalisée et interprétée par le très doué Martin Jauvat, entouré ici par Emmanuelle Bercot et William Lebghil. Sans oublier, en film de clôture, le premier long métrage d’animation de la Japonaise installée en France Momoko Seto : Planètes se présente comme une fable écologique et, visuellement au moins, psychédélique sur… quatre graines de pissenlit en quête d’une nouvelle planète pour se replanter !

Du côté de la compétition, l’équipe de la déléguée générale a sélectionné, comme il est d’usage, sept premiers ou seconds longs métrages en provenance du monde entier (1), dont un documentaire, Imago, signé du jeune réalisateur tchétchène Déni Oumar Pitsaev. Parmi eux, on guettera plus particulièrement Kika, le premier film de fiction de la documentariste belge Alexe Poukine (Sans frapper en 2022, en attendant le très réussi Sauve qui peut, qui sort en salles le 4 juin). Et on est très curieux de découvrir A Useful Ghost, du Thaïlandais Ratchapoom Boonbunchachoke, au pitch particulièrement excitant : des fantômes protestent contre l’oubli en se réincarnant en… appareils électroménagers pour attirer l’attention des vivants.

En compétition :

Ciudad sin sueño (Sleepless City), de Guillermo Galoe (Espagne / France)

Imago, de Déni Oumar Pitsaev (France / Belgique)

Kika, d’Alexe Poukine (Belgique / France)

Left-Handed Girl, de Shih-Ching Tsou (Taïwan / France / États-Unis / Royaume-Uni)

Nino, de Pauline Loquès (France)

Pee Chai Dai Ka (A Useful Ghost), de Ratchapoom Boonbunchachoke (Thaïlande / France / Singapour / Allemagne)

Rietland (Reedland), de Sven Bresser (Pays-Bas / Belgique)

Séances spéciales hors compétition

L’Intérêt d’Adam, de Laura Wandel (Belgique / France) – Film d’ouverture

Baise-en-ville, de Martin Jauvat (France)

Des preuves d’amour, d’Alice Douard (France)

Planètes, de Momoko Seto (France / Belgique) – Film de clôture

Retour sur la sélection officielle

Mais, parmi les dix-neuf films annoncés pour le programme de la compétition, pas encore totalement bouclé, comme c’est désormais l’habitude, les sujets sérieux sont aussi au rendez-vous. Deux Procureurs, de l’Ukrainien Sergueï Loznitsa, évoque l’URSS et les grandes purges staliniennes, Les Aigles de la République, du Suédois Tarik Saleh (La Conspiration du Caire), raconte l’histoire d’un acteur égyptien contraint de participer à un film commandé par un pouvoir totalitaire… Le retour à Cannes de l’Iranien Jafar Panahi avec Un simple accident prolongera cette séquence politique. Pour préserver la liberté du cinéaste (qui passa plusieurs mois en prison à Téhéran, en 2022), rien de son propos n’est dévoilé.

Dans la sélection Cannes Première, le Russe en exil Kirill Serebrennikov présentera La Disparition de Josef Mengele, adaptation du roman d’Olivier Guez sur la fuite du criminel nazi en Amérique du Sud. Et l’on découvrira le documentaire que Raoul Peck a consacré à l’auteur de 1984, revisité à la lumière des nouvelles dérives idéologiques, Orwell : 2 + 2 = 5. Nul doute que d’autres films viendront illustrer ce rapport inquiet au monde, et l’on pense notamment à Once Upon a Time in Gaza, des frères Nasser, au programme d’Un certain regard.

La place des femmes

L’autre fierté du festival, mise en avant par Iris Knobloch, est de devenir, un peu plus chaque année une place forte pour les femmes. Les progrès ne sont pas exceptionnels : la compétition 2025 fait place à six réalisatrices, contre quatre en 2024. Mais si leur nombre n’est pas encore spectaculaire, leur place le devient. Le film le plus attendu de cette compétition, autant que peut l’être un nouveau Tarantino, est Alpha, de Julia Ducournau, Palme d’or pour Titane en 2021. Elle y dirige Golshifteh Farahani, figure de proue glamour et porte-voix du combat des Iraniennes pour les libertés.

En compétition aussi, Hafsia Herzi, qui vient de recevoir le César de la meilleure actrice (pour Borgo) et a réalisé un troisième long métrage, La Petite Dernière. Autre candidate à la Palme, l’Espagnole Carla Simón, Ours d’or au festival de Berlin 2022 pour Nos soleils, brille déjà avant d’avancer sur le tapis rouge cannois pour Romería. Le Women’s Lib, Mouvement de la libération des femmes aux États-Unis, dans les années 60, sera la toile de fond de The Mastermind de la très en vogue Kelly Reichardt, en compétition.

Hors compétition, Rebecca Zlotowski dirige Jodie Foster dans le très attendu Vie privée. Des moments forts s’annoncent avec Dites-lui que je l’aime, de Romane Bohringer (elle y évoque sa mère et celle de la femme politique Clémentine Autain, l’actrice Dominique Laffin), en séance spéciale, et avec les débuts derrière la caméra de la star Scarlett Johansson, qui signe Eleanor the Great, retenu pour Un certain regard. Autant de personnalités féminines marquantes qui aideront à mettre en lumière les nouvelles venues, la Japonaise Chie Hayakawa (Renoir, en compétition) ou la Française Amélie Bonnin, qui, symbole majeur, fera l’ouverture du Festival avec son premier film, Partir un jour.

Présence française

Avec cela, une présidente du jury, Juliette Binoche, qui succède à une autre, Greta Gerwig : Cannes s’engage auprès des femmes. Des hommes le font aussi : les frères Dardenne sont de retour avec Jeunes Mères, Sebastián Lelio accompagne les féministes chiliennes dans La ola (Cannes Première) et Thierry Klifa met en scène La Femme la plus riche du monde (hors compétition), une businesswoman française inspirée par Liliane Bettencourt et jouée par Isabelle Huppert.

Le cinéma français sera, bien sûr, largement présent tout au long de cette 78ᵉ édition. Les réalisatrices de la compétition seront rejointes par Dominik Moll, dont le polar Dossier 137 est mené par Léa Drucker. Hors compétition, la présentation du nouveau film de Cédric Klapisch, La Venue de l’avenir, une fresque familiale sur deux époques, marquera un baptême cannois festif pour le cinéaste. Mais verra-t-on Une affaire, d’Arnaud Desplechin, avec François Civil ? Les prochaines annonces de Thierry Frémaux pourraient corriger cette absence regrettable.

Enfin, les Américains tirent plus que leur épingle du jeu. Leur intérêt sans doute relancé par la Palme d’or qui salua l’indépendant Sean Baker pour Anora l’an dernier, ils reviennent en force sur la Croisette. L’habitué Wes Anderson (The Phoenician Scheme, compétition) laisse sa place de chouchou à Ari Aster, autre indépendant au fort tempérament, qui retrouve Joaquin Phoenix (après Beau Is Afraid) pour Eddington, un western contemporain avec, cerises sur le gâteau, Emma Stone et Pedro Pascal. Et pendant que Tom Cruise fera la promotion du prochain Mission : Impossible, The Final Reckoning (hors compétition), Richard Linklater viendra nous parler, avec Nouvelle Vague (en compétition), de Godard et de Truffaut, dans ce film américano-français où se reflétera sans doute un peu l’idéal cannois d’un dialogue entre tous les pays du cinéma.

Philippe Cabrol

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