Little girl blue
Présentation du film : Little Girl Blue de Mona Achache
Avec Little Girl Blue, la réalisatrice franco-marocaine Mona Achache livre un curieux docufiction hybride qui documente de manière extrêmement personnelle la vie de sa mère Carole, En partant d’un événement profondément sombre, à savoir la mort de Carole en 2016, par suicide, sa fille et réalisatrice, se retrouve avec des boîtes entières de notes, de lettres, des cassettes, des photographies. Elle se lance dans une mission : rejouer tout le parcours de vie de sa mère en s’appuyant sur le médium cinématographique pour lui redonner vie…
C’est toute une vie qui va être retracée, pour essayer de comprendre le parcours d’un être insaisissable, y compris dans sa mort. En creux, c’est un portrait d’une femme indépendante qui est esquissé, avec ce que cela impliquait comme contraintes, critiques et drames.
Le film s’ouvre sur la montagne de documents avec lesquels se débattre : monceaux de lettres, photos, carnets, témoignages par milliers, épinglés au mur par la cinéaste façon FBI. En enquêtant, celle-ci déterre des confessions, secrets, investigue sur cette mère décédée, et livre ainsi un cinéma expérimental, loin de son style, un pari ambitieux.
Mona Achache s’inscrit dans une lignée qui remonte et à Henri Bergson, et à Marcel Proust. Sa grand-mère, Monique Lange, était une écrivaine prolifique qui a également travaillé comme éditrice pour Gallimard, et interagi avec des gens comme William Faulkner, Marguerite Duras, Marcel Camus et Jean Genet. Mais le sujet central reste bien sûr Carole.
Little Girl Blue, dont le titre vient d’une chanson de Janis Joplin qu’on entend dans le film et qui est tout à fait à propos, représente bel et bien une phase du travail de deuil, profondément personnelle pour Mona Achache, qui permet au spectateur d’entrer dans son intimité.
Philippe Cabrol