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Miracle en Alabama

Entre espérance et charité

Fiche technique :

Titre original : The Miracle Worker ; Scénario : William Gibson, d’après sa pièce, The Miracle Worker.
Réalisation : Arthur Penn

Interprétation :
Anne Bancroft, Patty Duke, Victor Jory, Inga Swenson, Andrew Prine

Film : Noir et Blanc ; Durée : 1 h 46

Sortie aux États-Unis : Juillet 1962 ; Sortie en France : Décembre 1962
Prix : Oscar de la Meilleure actrice pour Ann Bancroft et Oscar de la Meilleure actrice de second rôle pour Patty Duke, en 1962

Ce film est un chef d’œuvre qui nous plonge en 1887 en Alabama (USA). Il est inspirée d’une histoire vraie : celle d ‘ Helen Keller née en 1880 et prise en charge en 1887 par Annie Sullivan. La petite Helen Keller devient sourde, aveugle et muette six mois à la suite d’une congestion cérébrale. Une nuit, les parents d’Helen très inquiets appellent le médecin qui assure qu’elle vivra. Sa mère lui parle, l’embrasse, le bébé ne réagit pas. La mère hurle «Capitaine, Capitaine!» Son mari se précipite, «elle ne voit pas ! elle n’entend pas !» crie la mère. Le père du bébé, surnommé Capitaine balance une lampe-tempête au-dessus du berceau. Il hurle «Helen! Helen! Helen !»: ainsi commence le film. Sous l’influence de la mère d’Helen, ses parents font venir une institutrice spécialisée, Annie Sullivan, qui a été major de sa promotion d’école pour aveugle de Boston. Opérée de nombreuses fois, Annie n’est plus aveugle mais très malvoyante. Annie s’identifiera à Helen, la sentira très intelligente et capable d’apprendre. Elle dira tout au long du film : « Je veux qu’elle voie ! ». Tout est occasion pour Annie de dire des mots à Helen. Très longtemps Helen recevra les mots sans comprendre leur sens même si Annie établit à chaque fois la correspondance entre le mot et la chose. Mais Annie se heurte à l’hostilité d’Helen. Au cours d’un repas, Annie comprend que la faiblesse des parents est un handicap pour faire accepter par Helen un minimum de règles. Ce repas est une scène presque insoutenable qui met Annie et Helen en opposition. Annie remarque la façon dont Helen se nourrit en passant d’assiette en assiette en mangeant avec ses doigts. Annie refuse qu’Helen mange dans son assiette, ce qui la met violemment en colère. Annie demande aux parents de sortir. Elle s’enferme avec Helen et c’est une véritable lutte. Le capitaine veut renvoyer Annie, il acceptera de garder Annie grâce aux supplications de son épouse. Annie découvre dans la propriété un pavillon où elle veut emmener Helen le temps qu’elle accepte un certain nombre de règles et qu’elle comprenne le sens des mots. Ces derniers se laissent convaincre mais fixent un délai de deux semaines. Ce combat pendant deux semaines fait penser à celui qui opposa dans la Bible Jacob à l’Ange. Helen va apprendre à s’habiller, à manger correctement… Au bout des deux semaines, toute la famille et Annie se retrouvent autour d’un repas pour Helen. Helen met sa serviette par terre, on la lui remet, elle la jette. Annie se lève et dit «Elle n’aura pas à manger si elle ne garde pas sa serviette!». Une discussion familiale s’engage, le père va s’occuper d’Helen en lui mettant la serviette. Helen jette alors sa serviette, asperge Annie d’eau. Celle-ci l’emmène dehors et lui fait tirer de l’eau à la pompe. Helen s’approche de l’arrivée d’eau, l’eau ruisselle sur ses doigts. Annie comprend qu’il se passe quelque chose. Helen s’approche d’Annie, dit «eau, eau». Annie prend la main d’Helen, la pose sur sa tête dit «oui, oui». C’est un immense moment de bonheur, Helen a compris. Ses parents émus l’emmènent. Le soir, Helen va voir Annie et très lentement l’embrasse. Annie qui s’est longtemps refusé d’aimer Helen, prend la main d’Helen et lui dit : «Je t’aime Helen. »

Arthur Penn va dans son film décrire l’origine, les circonstances, les étapes, les épreuves aboutissant au miracle. “Comme dans un miroir, confusément…”«Through in a glass, darkly». Cette phrase de « L’Épître aux Corinthiens » (XIII, 12) pourrait s’appliquer à Helen. Elle concerne aussi les autres personnages du film, dont Annie Sullivan En effet le personnage d’Annie est présenté possédée par des souvenirs qui l’amènent à identifier Helen à son propre jeune frère mort qu’elle s’accuse d’avoir abandonné. Le film fait intervenir deux positions religieuses antagonistes, d’un côté « Dieu n’a peut- être pas voulu qu’elle voit » dit Le Capitaine dans le film, de l’autre « Dieu a donné la raison aux hommes pour qu’ils s’en servent » argumente Annie Sullivan. Miracle en Alabama pose la question de la famille. Elle est représentée comme un «  ordre » avec le poids de la tradition exprimé par le Capitaine. La parole est bien sûr au cœur du film. Helen veut parler. Elle va dire des mots sans les comprendre, elle va parler par signes. Le miracle se produit au cours de la scène finale de la pompe, Helen accède au langage en mettant en relation les mots avec les choses. Le rôle et l’importance de l’éducation sont également présents dans ce film. Au début du film et à la suite dans certaines séquences l’éducateur est le Capitaine : éducation liée à l’autorité traditionnelle du père. L’éducation va devenir petit à petit l’autorité du pédagogue à travers la personne d’Annie : éducation qui pose le principe de l’éducabilité du sujet, ici Annie et qui se construit sur un projet.

Pistes pédagogiques

-Décrivez l’attitude d’Helen durant le film, celle des parents et celle d‘Annie. -Quel sens donne le film au mot « miracle », utilisé une bonne dizaine de fois dans le film ? -Pourquoi Annie Sullivan veut –elle enseigner le langage à Helen, et surtout, la relation entre les mots et les choses ? -Pourquoi à propos du film parler du lien entre espérance et charité ? -À divers moments, chaque personnage parle de Dieu, du Seigneur, de la Bible (le combat de Jacob et de l’ange, la “brebis perdue”…). Préciser ces moments. En quoi ces attitudes religieuses déterminent-ils l’attitude de chacun à l’égard d’Helen?

Références : livre de Lorena A.Hickok : « Histoire d’Helen Keller » Folio Junior ou des mémoires d’ Helen elle même : « Sourde, muette, aveugle, Histoire de ma vie, par Helen Keller, Payot 1954

Philippe Cabrol

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