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L’Autre côté de l’espoir

Une fable humaniste et poétique

Fiche technique :

Film finlandais ; Réalisation : Aki Kaurismäki

Avec : Sherwan Haji, Sakari Kuosmanen ; Durée : 100 minutes

Genre : comédie dramatique ; Ours d’argent du meilleur réalisateur à la Berlinale en 2017

Sortie en France : mars 2017 ; Sortie DVD : novembre 2017

L’autre côté de l’espoir, le dernier film d’Aki Kaurismäki, met en scène deux destins qui se croisent : celui de Khaled, un immigré clandestin syrien se retrouvant complètement par hasard en Finlande et qui débarque à Helsinki en provenance d’Alep et celui de Wikhström Waldemar, un Finlandais qui vient de quitter sa femme alcoolique. Les premières images du film montrent un port, puis un cargo chargé de charbon d’où un homme émerge en silence. Cet homme, c’est Khaled, un jeune Syrien. Il se dirige vers les douches publiques avant de se rendre au commissariat le plus proche pour demander l’asile. Face aux autorités finlandaises, Khaled raconte le voyage qu’il a dû entreprendre pour échapper à l’enfer, en effet une grande partie de sa famille a perdu la vie sous les bombes, en chemin il s’est trouvé séparé de sa sœur Miriam, dont il est sans nouvelles. Malgré son histoire et l’appel à témoin lancé par le service de l’immigration pour retrouver Miriam, le gouvernement ne lui accorde pas l’asile. Le lendemain, il sera renvoyé en Turquie. Khaled s’enfuit alors, avec la complicité de l’infirmière du centre d’accueil où il est hébergé. Il manque de se faire brûler vif par des néo-nazis, mais il est sauvé par une bande de vieux clochards. Autre protagoniste : Wikhström Waldemar, la cinquantaine, qui vend des chemises et fait fructifier son argent en jouant au poker clandestin. Le représentant de commerce achète un restaurant miteux, mais ses affaires ne fonctionnent pas comme il l’avait prévu. Malgré cette situation, il garde les trois employés : Mirja, serveuse, Calamnius chef de salle et Nyrhinen, cuisinier. Un soir, alors qu’il sort les poubelles, Wikhström découvre Khaled qui s’est abrité là pour la nuit. Après quelques coups de poing échangés, le restaurateur offre à Khaled une assiette de soupe. Emu par ce jeune homme, Wikhström le prend ensuite sous son aile et l’embauche. Il permet au jeune Syrien de dormir dans son garage. Khaled prend ses marques, essayant de comprendre le fonctionnement de ce pays. Le neveu d’un salarié du restaurant, payé par Wikhström, fournit des faux-papiers à Khaled. Ce changement d’identité lui permet de circuler librement. Khaled va apprendre que Miriam a été localisée dans un camp de réfugiés en Lituanie. Wikhström organise le transfert de la jeune femme grâce à la complicité bénévole d’un chauffeur routier. Dès le lendemain, Miriam ira demander l’asile au commissariat.

Deux destins, deux fuites

« Où est passée notre humanité ? », semble s’interroger Kaurismäki dans ce film. « Je veux changer le monde, je vais essayer de changer l’Europe. Ou au moins la Finlande. Ou cinq ou six personnes en Finlande », déclarait le cinéaste lors d’un interview à la Berlinale en février 2017. En effet la solidarité et la fraternité sont Le cœur de ce film. Si Kaurismäki nous parle du destin d’un migrant, c’est pour faire entendre le besoin criant de fraternité de notre monde. Aki Kaurismäki dénonce un système d’accueil de réfugiés capable de renvoyer chez eux des réfugiés fuyant des pays en guerre. Khaled fuit la guerre, Wikhström sa femme. Tout semble séparer ces deux hommes: l’âge, la culture, le métier, le statut social et leurs préoccupations. Cependant Kaurismäki montre que beaucoup de choses rapprochent ces deux hommes. Chacun deux tente de changer de vie, s’éloigne de son passé pour se construire un autre avenir, décide de faire confiance aux personnes qu’il rencontre. Ils finiront d’ailleurs par s’entraider comme des frères. Cette confiance dans l’humanité toujours exprimée par des gens simples porte les films de Kaurismäki. Elle se traduit par l’existence de figures attachantes : des personnages étonnants, surprenants, attachants, originaux, qui vivent avec leurs défauts, leurs insuffisances, mais toujours prêts à des actes de courage, sans être pour autant des héros. Aki Kaurismäki tisse entre les personnages de tous ses films des liens de compassion fraternelle. Aki Kaurismäki développe une fois de plus dans ce très beau film les valeurs de la dignité humaine et de la solidarité entre les personnes. Tous les films d’Aki Kaurismäki, et notamment ses derniers films, traitent de situations graves avec beaucoup de chaleur humaine et ce sur le ton de la fantaisie, de l’humour et de la comédie. Ce film est une main tendue vers l’autre, tout autre qui est notre semblable, face à toutes les violences, turpitudes, cupidités et autres du monde d’aujourd’hui. C’est d’une façon humble, simple et sans porter de jugement sur autrui, qu’Aki Kaurismäki nous propose de changer notre regard vers plus d’attention et de bienveillance pour l’autre, l’autre qui est notre frère. C’est là le signe de la grandeur de cette œuvre cinématographique.

Après Le Havre, L’autre côté de l’espoir devait être suivi d’un autre film intitulé L’autre côté de l’exil pour former une trilogie sur l’exil. « Je suis fatigué. Je veux commencer à vivre ma propre vie, enfin », a expliqué le réalisateur qui a annoncé à la Berlinale qu’il arrêtait la réalisation.  L’autre côté de l’espoir, son film testament si c’est le dernier, n’en est que plus précieux. PhilippeCabrol

Pistes pédagogiques

1 Comment vous représentez-vous un migrant ? Faites des recherches sur la situation des migrants aujourd’hui.

2. Du désespoir à l’espoir : analysez cette transformation à partir de scènes du film.

3. Dans la première partie du film, Wikhström incarne l’hypocrisie et l’opportunisme, puis il devient altruiste. Identifiez les étapes de cette évolution.

4. De quelle façon Kaurismäki dénonce-t-il un système d’accueil de réfugiés capable de renvoyer chez eux des personnes qui fuient la guerre ?

5. Analyser en quoi les principaux personnages du film : Khaled, Wikhström et les trois salariés sont profondément humains.

6. Comment s’expriment la fraternité et la solidarité dans ce film ? Et dans le monde aujourd’hui et dans votre vie ?

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