
Le Festin de Babette
LE FESTIN DE BABETTE
Un conte de Karen Blixen, romancière danoise, intitulé « Le dîner de Babette » fournit le scénario de ce film rebaptisé Le Festin de Babette. Dans un village de la côte du Jütland, péninsule formant la partie continentale du Danemark, un pasteur autoritaire règne sur une petite communauté de fidèles. Ses deux filles Martina et Filippa sont belles. Elles sont amoureuses, Martina d’un jeune officier Lorentz Löwenhielm, qui deviendra général, Filippa d’un célèbre ténor de Paris, Achille Papin. Mais elles ont sacrifié leur amour pour se consacrer à la communauté luthérienne dirigée par leur père. Des années plus tard en 1871, un soir de tempête, Babette une Française qui fuit la répression de la Commune de Paris, trouve refuge auprès des sœurs. Babette est une amie d’Achille Papin. Dans la lettre qui l’introduit aux deux sœurs, une phrase suscite leur inquiétude : « Elle sait faire la cuisine ». Cette compétence n’éveille en elles aucune admiration, seulement de la suspicion, car elles se méfient des habitudes alimentaires des Français. Elles ont en effet fait vœu de pauvreté et d’abnégation, renonçant en cela aux plaisirs terrestres, pour se dévouer à la petite communauté et poursuivre l’œuvre spirituelle de leur défunt père. A présent âgées, elles acceptent d’employer Babette qui va travailler comme cuisinière. Elle va apprendre à gérer la rareté et à cuisiner ce qui fait le quotidien alimentaire des soeurs : morue salée et soupe au pain noir. Babette s’intègre au pays, son seul lien avec la France est un billet de loterie qu’elle rejoue chaque année depuis quatorze ans. La quatorzième année Babette gagne le gros lot. Elle annonce aux villageois qu’elle souhaite leur offrir un « vrai repas français ». Il y aura douze personnes à table, autant que d’apôtres. Babette est une artiste qui va donner tout ce qu’elle a pour offrir un « festin de viandes grasses et de vins capiteux » comme l’écrit le prophète Isaïe en annonçant le banquet du Royaume de Dieu. La commande des ingrédients en France, les préparatifs du repas tracassent les deux sœurs qui y voient l’œuvre du diable. Les invités décident donc de participer au repas en s’interdisant d’y manger. C’est le général Löwenhielm, qui à la découverte de ce festin, nomme ces mêmes « merveilles » qu’il avait savourées à Paris au café anglais dont le chef était Babette. Dès lors le miracle se produit : les yeux pétillent, la joie contenue provoquée par la nourriture se diffuse, les convives dégustent les mets. Les rancœurs disparaissent, les regrets du passé s’effacent. Le festin réconcilie les êtres. Le dîner qu’offre Babette s ‘apparente au récit d’une médiation. S’opposent deux espaces aux cultures et aux religions différentes : la France et ce coin du Danemark. C’est Babette, en tant que médiatrice, qui réussit le miracle de la réconciliation entre ces deux mondes. Ce festin rappelle le repas eucharistique et les noces de Cana. Le récit a été assimilé à une parabole évangélique, où Babette ne serait autre que le Christ, réunissant autour d’un dernier repas ses douze invités. Le repas de Babette est une liturgie. Tous les détails comptent : la nappe toute blanche, les tenues vestimentaires des invités, le goût des aliments et des vins, l’arrangement des fruits. La gratuité du don dénoue les cœurs et invite à la louange, à la libération, à la joie, au dessaisissement de soi par amour. Ce film a donné lieu à différentes interprétations, dont certaines théologiques. Le repas de Babette est un don. A la fin du repas, le général demande à porter un toast. Il annonce la réconciliation de la chair et de l’esprit, du renoncé et de l’offert. Il cite les versets du psaume 84 « La Clémence et la Vérité se sont rencontrées. La justice et la joie vont s’embrasser ».
PISTES PÉDAGOGIQUES
-Inviter les élèves à des réactions spontanées.
– Proposer une grille d’analyse qui permet de revisiter l’ensemble du film
-S’interroger sur la communauté religieuse du film et sur le protestantisme aujourd’hui en Europe. – Le film est construit autour de paradoxes évangéliques sur la réussite, sur l’art, sur la solitude, sur le don, etc. Développer. -Chercher les résonances bibliques, les passages d’Évangile auxquels personnages et situation font penser.
-Chercher quelle image de l’homme, quelle image de Dieu, sont données.
FICHE TECHNIQUE
Film danois
Titre français : Le Festin de Babette
Réalisation : Gabriel Axel
Avec : Stéphane Audran (Babette)
Scénario et dialogues : Gabriel Axel, d’après une nouvelle de Karen Blixen
Costumes : Karl Lagerfeld
Durée : 102 minutes
Dates de sortie :
1987 (Danemark), 1988 (France) Genre : comédie dramatique
Oscar du meilleur film étranger 1988
Éducatrice en milieu scolaire serai intéressée par des commentaires de films à approches religieuses.